Ma découverte gastronomique la plus récente est celle du rable de lièvre bleu servi par M. Dumonet en son établissement parisien, rue du Cherche Midi.
J’avoue avoir hésité avant de passer commande, surtout que le reste de la carte était fort appétissant. Mais l’ami qui m’invitait là réussit à me faire tenter l’aventure. Eh bien, je ne regrette pas. C’est fin, léger, goûtu, subtil, et pour tout dire merveilleusement bon. La promesse d’un mets rare est d’ailleurs déjà contenue dans le nom : si l’on dit rable de lièvre bleu, on peut comprendre que c’est le lièvre qui est bleu, et l’on se trouve dans un restaurant digne d’Alice au pays des merveilles. Si l’on parle de rable bleu, on entend “ra-bleu-bleu”, où l’originalité gustative du plat semble annoncée par sa curiosité phonétique.
© Anna Blog de la petite taupe nyctalope
C’est une recette que Jean-Christophe Dumonet dit avoir découverte en compagnie de son père lorsqu’il avait six ou sept ans, en déjeûnant au buffet-restaurant d’une gare de province (il se passionnait déjà pour la cuisine). Sur sa carte, on lit en réalité : “rable de lièvre bleu ou saignant”, mais si vous l’interrogez, il vous dit que “saignant” n’est là que pour tempérer la frayeur des Américains qui fréquentent parfois sa table, et disparaîtra lors de la prochaine mise à jour.
(espérons du moins que ce mets n’était pas du rat bleu (au) bleu…)
Alors, c’est peut-être que j’ai mangé du chat. Bleu. Au chocolat, selon la recette du Touquet…
Dans Alice le lapin n’est pas bleu mais blanc !
Sapé comme un prince – le lapin blanc tire une montre de son gilet. Dans une main, il tient des gants en chevreau et, dans l’autre, un grand éventail.
Comment oses-tu les comparer ?
Enfin, je conçois que ton déjeuner ait pu être agréable – malgré cette pensée sacrilège.
De toute façon, jamais le Sieur Dumonet n’aurait pu capturer le lapin d’Alice… car, comme le dit avec justesse une recette de cuisine de nos amis britanniques – le “lièvre en cocotte” – l’affaire
culinaire n’est pas simple :
1) Commencer par attraper le lièvre
2) Préparer la cocotte à recevoir le lièvre
3) Mettre le lièvre dans la cocotte
And So on… suivent de très nombreuses étapes préliminaires à la dégustation
Lièvres et lapins ne connaissent pas la cocotte, mais d’un naturel prudent ils ne se laissent pas prendre aisément !
Avec son “Lapin bleu”, voila un (Du)Monet qui donne à voir à nos Grands Palais…