La fin du marquis de Bièvre

François-Georges Maréchal, marquis de Bièvre, s’illustra peu avant la Révolution française par une « Lettre écrite à Madame la comtesse Tation », ainsi que par une apologie de l’abbé Quille, dont il souligna qu’il fut « de tout temps, l’appui et le soutien de la vieillesse ». C’est donc fort logiquement à lui que d’Alembert demanda d’écrire l’article kalembour (selon l’orthographe en vigueur au XVIIIè siècle), pour le supplément à l’Encyclopédie.

On raconte qu’il mourut à Spa, en Belgique, en disant « Je m’en vais de c’pas », après avoir refusé l’extrême-onction et déclaré au curé « Remportez vos huiles, je suis déjà cuit ».

S’il avait eu de l’esprit (sain), l’homme d’église eût répliqué: « Aux grands mots les grands remèdes ». Hélas, il n’en fit rien.

extreme-onction.jpg

(En réalité, le marquis, qui arrivait en effet de Spa, est mort de la petite vérole à Triesdorf, en Bavière. Mais le lieu, pour un Français, se prêtant mal aux calembours, il est juste de tenir sa dernière étape pour nulle et non avenue).

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Clo

Je ne résiste pas à citer un extrait des Amours de l’Ange-Lure du Marquis en question qui incitait les jeunes filles chastes à s’abstenir de lire son roman :

“Il y avoit déja long-temps que la Fé-lure, sans pouvoir être comptée parmi les Fé-nomenes, tenoit un rang considérable dans l’Empire de l’Amour. Tous les hommes la recherchoient avec empressément.
Les femmes même n’en étoient point jalouses ; elles lui rendoient généralement tant de justice, qu’elles trouvoient tout simple, que leurs amans fussent sans cesse occupés du soin de rencontrer la
Fé-lure. (….) Il n’est donc pas étonnant que cette aimable Fée, ait fini par mettre les Anges même au nombre de ses soupirans.

L’Ange-lure fut celui qui se déclara le premier, et les autres s’engagèrent à le servir dans ses amours. Le nom servit d’abord de prétexte à l’Ange-lure pour s’introduire chez la Fé-lure – Il se
dit son parent. La Fé-lure le crut (…). Malheureusement, elle imagina pour la décence, devoir mener avec elle une Fée de ses amies : elle fit choix de la Fé-néantise.

L’Ange-lure, de son côté, mit l’Ange-oleur de la partie ; et voilà précisément ce qui perdit la Fé-lure. Il est peu de femmes qui puissent conserver leurs principes en pareille compagnie.(…) Aussi
l’Ange-lure ne tarda pas à profiter de ces avantages : il vit que l’heure de la Fée était venue ; mais ne se sentant pas encore assez fort par lui-même, il se servit de l’Ange-oleur (…) (Celui-ci)
s’approcha de l’oreille de la Fée ; et lui faisant tout bas certaine proposition.

(…) La Fé-lure consulta la Fé-néantise, qui lui dit : Qu’est-ce que vous risquez ;
laissez entrer. La Fée répéta : Faites entrer. (…) La conversation fut des plus piquantes : il se conduisit d’une manière si satisfaisante, sans blesser la Fée, qu’elle en fut pénétrée.”

Sources : miscellanees.com/b/bievre)