Wikipedia est une source de connaissances considérable, mais j’avoue m’interroger parfois sur la pertinence ou l’intérêt de certaines d’entre elles.
C’est ainsi que cherchant, par pure curiosité, à la suite de mes articles sur Strange fruit et sur les Pendus, à me documenter un peu plus sur les moeurs des corbeaux, j’en suis arrivé, à l’article “grand corbeau”, à cette information capitale :
« Cette espèce possède un cri caractéristique « rrok-rrok », profond et caverneux, qui diffère de celui des autres corvidés selon les observateurs expérimentés. Son vocabulaire complexe inclus un « toc-toc-toc », un « kraa » sec et rocailleux, un croassement guttural et bas ainsi que plusieurs cris de nature presque musicale ».
Ce qui m’a laissé perplexe, au-delà de la transcription des rrok-rrok et des kraa, c’est d’imaginer les « observateurs expérimentés » mentionnés dans l’article, et leurs conversations au cours des congrès et séminaires auxquels ils ne doivent pas manquer de se rendre pour, entre spécialistes, partager leurs découvertes.
© Kevin and Jay McGowan
L’observation est parfaite, les rrok-rrok, toc-toc et ce « kraa sec et rocailleux … de nature presque musicale », je les ai écoutés à Amou et dans d’autres lieux –en particulier dans mon cher
Cotentin à Carteret.
Pendant les vacances (il y a quelques années), il m’arrivait de me réveiller à l’aube pour écouter le chant des oiseaux. J’occupais une petite chambre dont la fenêtre donnait sur la mer – vers 5
heures du matin, je quittais à pas de loup la Bucaille endormie et son jardin au bord de la falaise pour arpenter le chemin des douaniers. J’allais surprendre ces conversations et ces sons
tellement plus sophistiqués que ne le laisse «entendre » ton article mi-amusé, mi-goguenard.
Retrouver les harmonies et les fugues dont parle Messiaen, improvisées par des dizaines d’oiseaux- était une part de ma motivation. Ce n’est pas tant la démarche formaliste et savante de l’
ornithologue musicien qui m’attirait, mais plutôt le langage intuitif des oiseaux, leurs chants tour à tour enjoués ou mélancoliques, parfois mystiques.
Entre mystère de l’univers, beauté de la nature et science à la Tournesol… j’étais au paradis. Comment ne pas comprendre la passion de Saint-François pour le langage des volatiles de toutes sortes,
corbeaux compris !
…Il paraît même que ce grand corbeau dit “Eh! merde” quand il laisse échapper un fromage.