En ces temps délicats pour l’équilibre des finances publiques, je pense que les quelques controverses actuelles sur la réforme de l’impôt ne dépasseront pas le stade du débat d’idées. Il est quasiment certain que ce seront toujours les mêmes recettes, inusables et parfaitement éprouvées, qui seront utilisées une fois encore. Pour ceux qui se demanderaient quelles elles sont, je cite ci-après un extrait du Diable Rouge, pièce de théâtre d’Antoine Rault deux fois couronnée aux Molières 2009, qui se situe au début du règne de Louis XIV, et met aux prises Mazarin et Colbert.
« Colbert : – Cependant, il nous faut de l’argent et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables?
Mazarin : – On en crée d’autres.
Colbert : – Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.
Mazarin : – Oui, c’est impossible.
Colbert : – Alors, les riches ?
Mazarin : – Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres.
Colbert : – Alors, comment fait-on ?
Mazarin : – Colbert, tu raisonnes comme un pot de chambre !… Il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches… Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres ! C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus ! Ceux là ! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser… C’est un réservoir inépuisable. »
Comme faisait dire Audiard à un personnage du “Cave se rebiffe”:
“Les conneries, c’est comme les impôts, on finit toujours par les payer”