Lewis Furey vient de donner une série de dix concerts au théâtre du Rond-Point. Il n’était pas question, pour Claudine et moi, de nous priver du plaisir de le revoir.
Décidément, j’aime ce personnage, et la façon dont il aborde son métier. Lui qui, en fin de compte, n’a pas fait beaucoup de scène au cours de sa longue carrière, parle du contact avec le public avec force et justesse. Il dit que c’est un privilège et un défi. Il dit qu’il faut, dans ce moment très spécial où les feux de la scène sont sur vous, retrouver « l’énergie de la création, le plaisir de prononcer le mot juste, le bien incontestable de jouer de la musique », et que sinon le coup est raté. Tout est bien sûr minutieusement pensé, répété, préparé. Mais la petite phrase qu’il adore, c’est This programme is subject to change.
Au fond, Lewis est libre, d’une liberté riche de sa créativité et de son travail. Il chante, et c’est la grâce, la délicatesse, et même la fragilité de sa liberté qu’il nous donne à entendre et à voir. Une de ses chansons dit : You make me feel so deliciously insecure. Voilà sans doute la juste sensation dans laquelle doit se trouver l’artiste face à son public : se sentir deliciously insecure, ce que je traduirais ici par délicieusement vulnérable : exposé, voix et mains nues, soudain dépouillé de ses certitudes, et offert à la foule tapie dans l’ombre, comme un dompteur dans une cage remplie de fauves, avec pour alternative : charmer, ou périr.
J’en reste sans mot….
(Merci !)