Le métro est saturé. Autour de moi, des courbes, des taches, des silhouettes, composent une vision insolite et fiévreuse. Tout le monde a chaud, malgré les courants d’air glacés. On laisse passer une rame bondée, en espérant un peu de place dans la suivante. La suivante est bondée elle aussi. Le rouge monte au front de certains, couleur de colère et d’exaspération. Pour ne pas se laisser submerger, il faut produire l’effort, l’immense effort, de croiser le regard : revenir à l’autre, rechercher l’échange, identifier dans la foule celui qui, à première vue, comme au bout du compte, pourrait peut-être être un ami.