Dies irae vs bobos

Vautour géant peinture

Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que des intellectuels et prédicateurs de tout poil et d’acabits variés (d’Hervé Benoit, prêtre lyonnais, à Gabriel Matzneff, homme de lettres) viennent dénoncer les victimes des attentats du 13 novembre et à travers elles une « génération Bataclan » coupable de « manque de spiritualité » et de « médiocrité bobo ».

Arguments lus, en vrac : les groupes de metal rock se moquent du diable, donc le diable se venge ; les victimes sont des morts-vivants, leurs assassins, leurs frères siamois (« même déracinement, même amnésie, même infantilisme, même inculture…* »); au lieu de faire entendre un dies irae et le Sermon sur la mort de Bossuet pendant l’hommage aux victimes, la France y va d’une chansonnette. Point commun à ces tribunes d’une nostalgie haineuse : tout fout le camp dans ce pays, d’ailleurs on n’y sait plus le latin.

C’est consternant. Loin de moi l’idée de dire que le latin et le grec ne servent à rien. Mais enfin, du temps que tout le monde ou presque (dans les élites en tout cas) était forcé de les apprendre, est-ce que c’était mieux ? Il y a cent ans, ce n’étaient pas cent cinquante morts par an que l’on déplorait, c’était mille par jour. Ah ! Le bon vieux temps de la guerre de 14 ! Voilà une époque où l’on connaissait encore la grandeur, où l’on n’avait pas encore sombré dans l’hédonisme consumériste, où les Français n’avaient pas perdu « les vivifiants trésors de leur patrimoine gréco-romain et chrétien**»!

Mon Dieu ! Des moeurs du temps mettons-nous moins en peine / Et faisons un peu grâce à la nature humaine… C’est Molière qui me vient à l’esprit, pour me consoler.

 

*H. Benoit, les aigles (déplumés) de la mort aiment le diable !

** G. Matzneff, les trois petits cochons

 

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