ConsidĂ©rons la position qu’a prise Apple dans la musique grâce Ă l’iPod et iTunes. Maintenant, avec l’arrivĂ©e de l’iPad, imaginons la position que va prendre Apple dans la presse, le livre, et la distribution de contenus payants…
S’il y a un homme qui a de quoi avoir d’Ă©normes regrets aujourd’hui, c’est Rupert Murdoch. Il y a dix ans, il avait mis la main sur la technologie qui lui aurait permis d’ĂŞtre aujourd’hui Ă la place de Steve Jobs. Il n’en a rien fait…
Ayant été modestement un des acteurs de cette histoire, voici ce que je peux vous en dire.
En juillet 2000, Murdoch, qui possédait TV Guide (le plus grand magazine de télé des Etats-Unis), a fusionné cette société avec Gemstar, une entreprise cotée au Nasdaq, qui détenait les brevets des guides de programme TV interactifs. A côté de ces brevets, Gemstar possédait aussi, pour les avoir rachetées six mois plus tôt, les deux start-ups qui avaient lancé les premiers modèles de eBooks sur le marché américain: Softbook, et Nuvomedia (Rocket eBook).
Rocket eBook
Après avoir unifiĂ© les systèmes des deux machines, et passĂ© des accords de distribution numĂ©rique avec tous les grands Ă©diteurs amĂ©ricains de presse et de livres, Gemstar commercialisa, en dĂ©cembre 2000, une offre Ă©ditoriale rĂ©volutionnaire: la possibilitĂ© d’accĂ©der par simple connexion sur une ligne tĂ©lĂ©phonique Ă un kiosque Ă©lectronique oĂą l’on trouvait tous les grands journaux (New York Times, Washington Post, Wall Street Journal, Los Angeles Times…), tous les grands “news magazines” (Time, Newsweek, Business Week, Fortune…), et tous les grands bestsellers du moment. Deux tablettes Ă©taient disponibles: une petite, en noir et blanc (dĂ©rivĂ©e du Rocket), et une grande, en couleur. En matière d’offre de lecture, l’iPad ne fera pas beaucoup mieux.
Je reviendrai peut-ĂŞtre un jour sur les raisons qui expliquent que cette initiative, Ă l’Ă©poque, a Ă©chouĂ©: elles sont multiples. Mais l’une des principales est sans aucun doute que Murdoch n’y croyait pas du tout. Il a refusĂ© d’investir. Il ne s’intĂ©ressait qu’Ă la tĂ©lĂ© Ă ce moment-lĂ , bien qu’il fĂ»t dĂ©jĂ propriĂ©taire de nombreux journaux, et de Harper et Collins. Il y a deux ou trois ans, il a compris son erreur. Trop tard. Gemstar Ă©tait mort. Apple avait pris la main (et dans une moindre mesure Amazon et Google).
Aujourd’hui, il peut bien, comme je viens de le lire, inviter Steve Jobs Ă dĂ©jeuner: l’histoire ne repassera pas les plats.
Je reste sur ma faim, ce qui m’interesse c’est ce que vous Ă©voquez sans les prĂ©ciser : les raisons qui ont fait que les initiatives de l’Ă©poque ont Ă©chouĂ© : pour une 2eme partie may be ?