Pendus et corbeaux

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© squid697

Il y a d’étranges similitudes entre Strange fruit et la ballade des pendus de Villon. Enfin, peut-être pas si étranges que cela. C’est la même scène horrible qui se joue à quelques siècles de distance.

Strange fruit :

Here is fruit for the crows to pluck,
For the rain to gather, for the wind to suck,
For the sun to rot, for the trees to drop,
Here is a strange and bitter crop. 

(C’est un fruit que les corbeaux cueillent / Rassemblé par la pluie, aspiré par le vent / Pourri par le soleil, laché par les arbres / C’est là une étrange et amère récolte.)

Villon :

La pluie nous a débués et lavés
Et le soleil desséchés et noircis
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavé
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis ça, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charie,
Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre

Le corps humain pendu au bout d’une corde obéit toujours aux mêmes lois de la physique et de la chimie, les corbeaux ont toujours le même comportement charognard, c’est toujours la même eau qui tombe du ciel et se recycle, et le même soleil sous lequel il n’y a rien de nouveau.

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jacques langlois

Eh ben, c’est gai, tout ça…Y’a de la Toussaint dans l’air!
Bon, je quitte ce blog pour m’intéresser (?) au prochain remaniement qui enverra balader François Fillon, un poète d’aujourd’hui, livré aux corbeaux de la politique.