Le trou noir du capital

Tout le problème des tenants du capitalisme libéral pur et dur est de convaincre une part aussi importante que possible de la population de la planète qu’hors de lui, point de salut. Ils disposent pour ce faire de deux atouts majeurs : l’échec patent d’un modèle alternatif (le collectivisme, pour faire court), et des moyens financiers considérables pour chanter les louanges du système en orchestrant en permanence un gigantesque lobbying.

Certains pays sont culturellement plus vulnérables que d’autres à l’idée que l’argent constitue le seul étalon véritable de la réussite. Heureusement, ce n’est pas trop le cas de la France, même s’il s’y rencontre quelques individus assez stupides pour affirmer qu’on a raté sa vie si l’on ne s’est pas payé une Rolex.

Cependant, la difficulté à laquelle se heurtent désormais les avocats du système, c’est que les conséquences d’un libéralisme de facto très mal contrôlé commencent à devenir visibles, et ressemblent à une caricature. Selon une étude de l’ONG Oxfam, 67 personnes dans le monde possèdent désormais la moitié des richesses du globe. Ce chiffre était de 85 l’an dernier (validé par Christine Lagarde et le FMI, qui ne passent, ni la personne ni l’institution, pour des agitateurs échevelés). Jamais la distribution des richesses n’a été aussi inégalitaire.

Par conséquent, toute la théorie qui explique aux populations qu’elles doivent mettre un frein à leurs exigences sociales car il faut créer la richesse avant de la répartir est battue en brèche par le fait qu’à peine créée, la richesse est absorbée par l’ultrarichesse, comme une galaxie par son trou noir. Le mouvement est d’une violence vertigineuse. L’argent attire l’argent comme jamais, la force d’attraction est telle que tout ce qui entre dans son champ gravitationnel est dépouillé.

trou-noir.jpg

Répartition ? Non. Avalement. Dévoration. Les états n’y peuvent pas grand chose. Des trous noirs économiques se créent partout : aux USA, en Russie, en Chine, en Inde…

Astronomiquement parlant, on ne sait pas trop ce que deviennent les trous noirs. Il se peut qu’ils s’effondrent sur eux-mêmes ; le consensus est qu’ils s’évaporent : dans leurs tréfonds, le temps s’arrête. Resterait… le vide. Rien.

Economiquement parlant, on chemine de plus en plus rapidement, semble-t-il, vers l’accomplissement du processus, c’est-à-dire (métaphoriquement, mais peut-être pas que) : le fond du trou.

S’abonner
Notification pour
guest

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
cepheides

Très bien vu !