La liberté au bord du caniveau

Hier dimanche, sous une pluie battante, Claudine et moi avons essayé d’atteindre Montparnasse en scooter. Impossible. Tout le quartier était bouclé. Nous abandonnons mon Piaggio à Denfert, et descendons le boulevard Raspail à pied.

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Arrivés au boulevard du Montparnasse, nous croisons la manif. Comme nous devons nous rendre un peu plus loin, rue Stanislas, il faut la traverser. Nous plongeons perpendiculairement à la foule, en essayant de ne bousculer personne.

Nous nous retrouvons pris derrière une banderole « les Français pour la liberté d’expression » derrière laquelle les gens scandent « la Shoah on s’en fout ! » et « Arthur on t’encule ». Ça me glace le sang. Les commentaires anonymes qu’on peut lire sur Internet remontent désormais dans la rue à visage découvert. Les caniveaux refoulent. Je n’avais jamais encore pleinement réalisé qu’à moins d’ignorer la nature humaine, la liberté d’expression emporte nécessairement celle de proférer des insanités, de laisser libre cours à la bêtise, à la haine, à la paranoïa. J’ai honte d’être là. Je me hâte vers le trottoir d’en face.

Lorsque Claudine me rejoint, nous échangeons le même regard, chargé de la même affliction.

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1 Commentaire
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cepheides

J’étais dans cette manif et je n’ai pas entendu ces slogans haineux mais un immense ras-le-bol anti-Hollande comme quoi…