On marche pendant des heures sur des sentiers sublimes, à flanc de falaise, dans une végétation sauvage tantôt rase tantôt touffue, en dominant des criques inaccessibles où l’eau est plus turquoise que dans les mers du Sud. Puis le chemin heurte un grillage, remonte vers une route, et l’horizon, d’un seul coup, se remplit tout entier d’un paysage industriel étrange : propre, silencieux, et en dépit de ses couleurs pastel, oppressant.
On a tourné le dos au “Nez” de Jobourg, à la pointe nord-ouest du Cotentin. L’usine de retraitement des déchets nucléaires de la Hague vient d’apparaître. De sa vastitude émane une majesté faussement indolente. Aux alentours, on ne voit personne. Juste quelques vaches, et des oiseaux.