L’incandescence noire de Jérémie Bossone

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Chansons et Mots d’Amou 2014 © Alain Nouaux

Jérémie Bossone chante depuis une dizaine d’années, et l’on attend toujours son premier disque (prévu pour février 2015). C’est un garçon au talent exceptionnel, mais il le dit lui-même : il ne rentre pas dans les cases. « Trop rock pour les gens de la chanson, trop chanson pour les gens du rock ». Il semble piégé dans cet entre-deux, alors qu’il défriche un genre : voix aiguë, voilée, envoûtante, musique électrique intense, textes baudelairiens d’une incandescence noire, comme d’ailleurs le personnage qu’il donne à voir sur scène : maigre, pâle, consumé, magnétique.

Bossone fait penser à Brel, par l’engagement enfiévré qu’il met à chanter certains titres. Il fait aussi penser à Bob Dylan, qui avait en 1965 à Newport laissé tomber la guitare acoustique pour un instrument électrique, et s’était mis à dos tous les amateurs de folk et de protest songs (cinquante ans plus tard, en France, les chanteurs “rive gauche“, ceux qui ont quelque chose à dire, n’imaginent toujours pas qu’on puisse être un des leurs si l’on utilise un accompagnement de ce type). Et quand il chante Göttingen sur sa Telecaster, aussi singulier que cela puisse paraître, on entend qu’il devient Barbara.

C’est un romantique, enfant d’un siècle qui ne l’est pas. Comme Musset, il est venu dans un monde trop vieux. Y est-il venu trop tard ? Je ne crois pas. Il n’y a pas d’heure pour une voix comme la sienne, impressionnante et fragile, et distillant un charme rare, presque vénéneux.

 

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