Keith Richards et le son

keith richards © dave alloca startracks abacapress.com

J’ai terminé le weekend dernier le meilleur livre du moment : Life, l’autobiographie de Keith Richards. On s’attend à “sex, drugs, and rock’n’roll” et on n’est pas déçu, encore qu’il faudrait sans doute réarranger l’ordre des mots, et écrire plus justement “rock’n’roll, drugs and sex”.

Car voici ce qui est génial dans ce livre : c’est d’abord un livre de musicien. Keith Richards est fou de musique. Il écoute tout, mais ce qui le touche le plus profondément, c’est le “son”. Il veut produire du “son”, la musique est pour lui vivante, et même si c’est une re-création c’est une création. Un jour, (il doit avoir dans les quinze ans), il joue “Malaguena” sur sa guitare à son grand-père, et celui-ci lui dit « c’est bon, tu l’as chopé »; alors il se met à improviser, et quand son grand-père lui dit : « ce n’est pas le morceau », Keith lui répond: « sans doute, grand-père, mais ça pourrait être le morceau ». Le “son” était là.

Elle est d’autant plus vivante, la musique, qu’ « une bande de types s’efforcent de la jouer ensemble. C’est quelque chose qui vous élève. Un petit monde merveilleusement complet, inattaquable. C’est du travail d’équipe au sens le plus concret du terme. On se serre les coudes dans un seul et unique but, et pendant un moment il n’y a pas d’arrière-pensée, pas de mouche dans le miel. Personne ne dirige, chacun assure. C’est réellement… du jazz. Là est le grand secret. Le rock’n’roll, ce n’est rien d’autre que du jazz avec une base rythmique féroce

On comprend que l’évolution de la technologie l’ait laissé perplexe: les pistes qu’on enregistre une par une, les boucles, le numérique, il voit ça comme un dédale informatique dans lequel le son se perd. « Comment se fait-il que j’aie eu une super sonorité de batterie au Regent Sound Studio avec ses boîtes à oeufs et un seul micro, et maintenant, avec quinze micros dans tous les coins, le son de la batterie me fait penser à quelqu’un en train de chier sur de la tôle ondulée ? »

Il parle cash, Keith Richards, de la musique, des Rolling Stones, de la came, de ses amis, de ses femmes, et bien sûr sa légende ce sont aussi les défonces, les bagarres, les procès, les scandales, mais toutes ces choses plus ou moins troubles, violentes ou sulfureuses qui font les délices de la presse pipole ne sont que les à-côtés d’une vérité d’évidence : il a vécu en musicien.

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