I’ve got you under my skin

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Cole Porter est un de mes maîtres. On lui doit quelques-unes des plus belles chansons qui soient, intelligentes, légères, subtiles, précises. Contrairement à la plupart des compositeurs de standards de l’âge d’or de la chanson américaine (les années 30 et 40), il écrivait à la fois les paroles et la musique. C’est peut-être pour cela qu’on trouve chez lui une alchimie quasiment parfaite entre les mots et les notes. Il a en particulier l’exceptionnel talent d’utiliser le swing des phrases (les phrases swinguent en anglais beaucoup plus qu’en français), et d’en faire sonner le sens et le caractère spirituel en jouant de tous leurs éléments sonores (syllabes, consonnes, rimes, allitérations), de sorte que si les paroles deviennent naturellement une part de l’écriture musicale, elles sont en même temps révélées par cet alliage de rythme et de mélodie dans lequel elles se trouvent fondues. On pourrait dire que chez Cole Porter, lyrics have got music under their skin : les paroles ont la musique dans la peau. Et vice versa.

I’ve got you under my skin est justement l’une de ses chansons les plus célèbres. Elle date de 1936, mais c’est vingt ans plus tard qu’elle devient un des plus grands succès de Frank Sinatra, dans un arrangement de Nelson Riddle, bâti sur de spectaculaires crescendos.

Dans la video ci-dessous, on en trouvera une version live, enregistrée à Las Vegas, au milieu des années 60. Ce soir-là, les musiciens sont excités. Ils ont du mal à marquer les nuances, en particulier les “piani” qui font tout le secret des crescendos. Sinatra s’en agace. A 1mn 45 environ, il adresse un grand “chut !” à l’orchestre, puis explique : “leave some place to go, baby“, qu’on pourrait traduire par « ho, les gars, laissez de la place pour que ça monte…»

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