Lorsque Coluche partait en tournée, il prenait le volant de sa voiture, et installait ses musiciens (qu’il appelait, comme la plupart des gens de son entourage, “les rongeurs”), à l’arrière. Gérard Prévost, qui l’a accompagné plusieurs années, a parcouru ainsi un nombre considérable de kilomètres. Pendant un temps, ils ont roulé dans une Rolls Royce peinte en rose, dans laquelle Coluche avait fait installer la télé. Comme ils arrivaient souvent en avance sur le lieu où devait avoir lieu la représentation du soir, pour passer le temps, ils branchaient le poste. Cependant, avec les télés portatives de l’époque, la réception n’était pas fameuse. Alors Coluche, guidé par les musiciens qui regardaient l’écran, manoeuvrait sur le parking ou dans les rues autour de la salle de spectacle jusqu’à trouver la position précise de la voiture (et donc de l’antenne) dans laquelle l’image ne se déchirait pas trop. Cela pouvait prendre du temps, mais il s’y prêtait de bonne grâce. Il aimait bien jouer les chauffeurs, et faire plaisir à ses copains.
Gérard m’a également raconté que lorsqu’ils s’arrêtaient dans une station-service, Coluche, qui savait être grand seigneur, leur disait : « – Allez-y, les rongeurs, achetez-vous des cassettes… » (A l’époque, il n’y avait pas de MP3 ni même de CD : la musique nomade, c’étaient des K7 audio). Les musiciens ne se faisaient pas prier, ils faisaient le plein de musique. Coluche payait. Puis, ayant repris la route : « – Alors, les rongeurs, faites voir un peu ce que vous avez pris ! » C’était souvent du jazz-rock. Ils passaient une K7 toute neuve à Coluche, qui l’enfonçait dans l’autoradio. Mais comme le jazz-rock, ce n’était pas trop son style, au bout de quelques secondes il éjectait la bande en criant « – Oh ! Mais c’est chiant votre truc ! » Et il la jetait par la fenêtre.