C’est ainsi qu’on se mit à lire dans la littérature de l’entreprise pas mal d’études et d’analyses où il était question de vols nolisés.
Le transport aérien, à l’échelle d’une langue, est assez récent; sa langue de travail internationale est l’anglais; enfin beaucoup de concepts nouveaux (les nouvelles technologies en sont une parfaite illlustration) sont forgés en anglais, parce qu’ils naissent souvent aux Etats-Unis, mais aussi parce que le français est beaucoup plus réfractaire que l’anglais à l’introduction de mots nouveaux. Dans ces conditions, il faut une certaine détermination pour imposer “vol nolisé” à la place de “charter”.
Moi qui aime beaucoup le français, je n’ai pas cette tendance spontanée à vouloir le “bunkériser” (la preuve…) Cependant j’apprécie qu’on ait exhumé le mot “noliser” de l’oubli dans lequel il était tombé. Ce terme, apparu au XVIè siècle, dérivait du latin médiéval Gênois; en usage surtout dans les pays méditerranéens, il signifiait affréter un navire. J’ai ainsi enrichi mon vocabulaire. Le mérite, comme souvent en matière de défense de la langue, parait devoir en revenir aux Québécois.
Merci pour ce billet lexical fort bien venu.
Mais il me paraît discutable de noliser le néologisme “bunkériser” pour mieux illustrer le “leadership” de la langue anglaise.Car le mot “bunker” au sens de casemate fortifiée, dans laquelle tu te
refuses à enfermer notre langue, vient directement de l’allemand*. En revanche le “bunker” anglais renvoie au piège de sable redouté des golfeurs….là où notre chère Académie (le “club” de nos
éminences en… “green”) aurait tendance à nous reprocher d’envoyer par maladresse notre belle langue!
(* même si l’allemand l’a lui-même emprunté au mot anglais signifiant “soute à charbon”…ce qui nous renvoie à l’affrètement!)