Un moteur à la messe

Madame de B. est une octogénaire décidée, à laquelle on ne résiste pas. Disons du moins que moi, je n’en ai pas trouvé le moyen. Comme nous nous croisions l’autre jour dans la rue : — Ah ! Jean-Pierre, me dit-elle, vous qui êtes un excellent lecteur, faites-moi le plaisir de venir à la messe de 9h15 dimanche et de lire l’épître ! — Pas de Saint Paul, s’il vous plaît, tentai-je de résister. — Alors vous prendrez la première lecture, c’est un extrait du Livre des Rois.

Soit. Le jour venu, elle me montre le texte, et me dit : — Vous voulez bien faire aussi la procession d’entrée ? Mettez-vous dans le fond de l’église, attendez le prêtre. Vous porterez l’évangéliaire les bras tendus bien au-dessus de la tête. C’est la parole de Dieu, tout de même !… Et elle me laisse pour régler d’autres détails de la cérémonie.

Deux minutes plus tard, alors que je suis posté au bout de la nef, le prêtre arrive, ainsi que deux dames munies de cierges. — Je me place où ? demandai-je. — C’est comme une voiture, me répond-il. Ces dames sont les phares, vous, vous êtes le moteur, moi je suis à l’arrière. Ça y est, tout le monde est prêt ? On démarre !

Le chant d’entrée, repris par l’assistance, couvrit mes vroum-vroums intérieurs.

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Bertrand

Tu me surprends Jean Pierre : je ne te savais pas adepte des messes folles !!!

sabine Rohfritsch

Il aurait été dommage que vous ne nous fassiez pas profiter de cette lecture si bien déclamée