Tristesse de la frontière

J’appartiens à une génération qui a vécu un rêve : celui d’un monde ouvert, débarrassé de l’absurdité de la guerre, enfin en paix. Revenant en voiture l’autre jour de Belgique, j’étais triste de voir que les barrages avaient été rétablis sur l’autoroute, et que la frontière, qu’on croyait abolie, était à nouveau en place, barrière détestable et rassurante, entrave à une liberté d’aller et de venir que j’avais crue irréversible.

La parenthèse est refermée. L’ouverture n’est plus qu’un souvenir. Retour à l’idée qu’on est mieux chez soi qu’à côté, que c’est toujours de l’étranger que le danger provient. Retour à la méfiance, à la prévention, dans tous les sens du terme. Retour au repli, à l’ennemi, à la peur de l’autre, à l’union contre. De chaque côté de la ligne.

Mais qu’est-ce qui nous sépare des Belges ?

Fin de l’Europe. Fin du rêve.

frontiere franco belge

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Éric Padieu

Pouvez-vous préciser ? Il me semble que le danger provient plus de ceux qui ne lisent pas que de ceux qui ont appris à lire (au sens critique, bien sûr), fût-ce un livre suranné.
Le 10 mai 1933, ce sont les livres prétendus surannés par un ordre soi-disant nouveau qui ont été la première victime symbolique de ce qui a fini en guerre mondiale ?
Et, a contrario, Mein Kampf n’avait alors que huit ans, se vendant mieux que du Musso ou du Lévy aujourd’hui, et était donc loin d’être suranné ?

cepheides

Ce que je veux dire, c’est que le Coran, pour ne pas le nommer et comme tous les livres du même genre soi-disant “révélés”, ont été écrits par les humains à une époque qui n’a rien à voir avec la nôtre; de ce fait, on y prône des attitudes totalement archaïques qui sont à proscrire de nos jours. Vouloir raisonner avec de telles inepties à l’époque de la mécanique quantique et de la théorie de l’Èvolution, c’est ce qu’on appelle l’obscurantisme et il faut le combattre sans relâche.

cepheides

Les frontières heureusement rétablies ne nous protégeront toutefois pas du combat intérieur, prélude à l’inévitable guerre civile, qui oppose et opposera de plus en plus ceux qui croient aux vertus d’une république laïque et ceux qui, à la lecture d’un livre suranné, veulent imposer une théocratie.