Rotrou

Parmi les auteurs de théâtre de second ordre, celui qui a l’honneur, si l’on veut, d’ouvrir la série, c’est Rotrou. Bien qu’il ait une rue symétrique à celle de Corneille de l’autre côté du théâtre de l’Odéon à Paris, le jugement sur son œuvre ne le place pas au niveau de son contemporain (il était né en 1609, Corneille en 1606). C’est ainsi que le répertoire officiel des Célébrations nationales de 2009 le mentionne comme « le plus éminent des moins éminents dramaturges du Grand Siècle ». Inférieur à Corneille donc : voilà pour sa postérité littéraire.

Mais pour ce qui est du courage et du sens du devoir, supérieur à Montaigne. En 1585, alors que celui-ci était maire de Bordeaux, une épidémie de peste se déclara ; par crainte d’être contaminé, il quitta la ville. En 1650 au contraire, Rotrou, qui occupait à Dreux la charge de lieutenant particulier au bailliage, resta à son poste lorsqu’une « fièvre pourprée s’étant répandue dans la ville, y faisait périr jusqu’à vingt personnes par jour ». Et — précise la notice — « malgré les sollicitations de sa famille, il ne voulut pas abandonner ses concitoyens sur lesquels sa charge l’obligeait de veiller, et succomba, victime de son zèle. »

On pourra sans doute, dans les temps qui viennent, observer des comportements semblables à celui de l’un et de l’autre, en raison de l’épidémie due au coronavirus.

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de Foucauld

En général, c’est le cas de le dire, certains hommes politiques doués veulent également écrire, comme un certain général fondateur d’un République. Mais il sont doués pour la politique.
D’autres hommes, comme Lamartine, ont un véritable don pour écrire mais veulent également occuper un emploi politique. Mais ils sont doués pour la littérature.
Il semble que M. Rotrou, qui occupait un poste politique local, fut plus doué pour la première discipline que pour la seconde. Les deux sont nécessaires : la première pour faire tourner la machine, la seconde pour rire des mécaniciens.