Roméo et Juliette

Quand j’arrive, Maman est prostrée dans son fauteuil. Je m’approche et me penche vers elle. — Bonjour Maman. Elle lève avec difficulté les yeux vers moi. Dans un souffle elle soupire « bonjour mon garçon » puis sa tête retombe aussitôt. — Elle n’a pas bien dormi la nuit dernière, me dit la personne qui la garde.

J’essaie d’engager la conversation, mais elle ne répond pas. Alors je m’assieds à côté d’elle, et je lui prends la main. Par la fenêtre on voit les averses qui se succèdent, c’est la télévision qui nous tient compagnie.

Nous restons un long moment comme cela, sa main dans la mienne, en silence. Je me laisse absorber par un documentaire diffusé sur Arte. — Jean-Pierre, m’interpelle-t-elle soudain. Je me tourne. Elle me couve du regard, toute souriante, l’air vif, sa fatigue semble avoir disparu, et me dit d’une voix très claire, très tendre, presque joyeuse :

— Tu es beau, et je ne suis pas trop mal… Je crois que toi et moi, nous sommes comme Roméo et Juliette, qui s’aimaient tout le temps… Si on partait, tous les deux ? Partout où nous irons il y aura du ciel bleu.


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Danielle

la réalité laisse place à la poétique de l’âme