Premiers regards

Un ami m’avait autrefois fait le reproche de regarder avec trop d’insistance les femmes qui me plaisaient, de les caresser des yeux, de les toiser comme pour leur dire : toi et moi, qu’est-ce que ça donne ? Il pensait que ça les troublait, et il en était gêné, pour elles comme pour moi. J’avais trouvé sa remarque exagérée, mais elle avait un fond de vérité. Je ne sais pourquoi j’y repense. C’était il y a trente ou quarante ans.

Je me souviens aussi que peu de temps après était paru l’Impromptu de Madrid, le premier livre de Marc Lambron. On y lisait cette phrase : « Je n’ai jamais rien désiré d’autre d’une femme que ce que j’obtenais d’elle au premier regard ». Ça, c’était juste. Ça correspondait, mot pour mot, à ce que j’éprouvais. C’est d’ailleurs pourquoi je m’en souviens.

J’ai longtemps guetté les premiers regards, et j’ai connu avec eux des centaines d’aventures. Ils étaient comme des fleurs cueillies. Le simple fait d’y entrevoir une promesse d’abandon ou de complicité sensuelle me remplissait de bonheur. En un instant on se plaisait, on se défiait, on se désirait, on s’aimait. Puis l’instant passait.​

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Bruno SÉRIGNAT

Je suis totalement persuadé que, si elle est sincère, une femme “caressée du regard”, et à condition qu’il n’existe qu’une légère insistance éloignée de tout harcèlement, avouera la plupart du temps en être flattée.