On voit en Bretagne des alignements de chênes plantés serrés et émondés, qui ne déploient jamais leurs branches et montent verticalement vers le ciel. Comme je remarque que leurs silhouettes dégingandées ne sont pas très esthétiques, l’ami avec qui je suis me répond : — Certes, mais leur fonction est belle : ils sont là pour « peigner le vent ».
Un mot, et le regard change. Je me mets à voir ces arbres lissant et démêlant l’ébouriffement invisible de l’air. Ils le coiffent pour protéger les cultures. Si la tempête est trop forte, ils attrapent et tirent ses cheveux en bataille. Nombreux sont ceux qui sont tombés au combat. Les peignes y ont laissé des dents.
Il y a à l’entrée de la baie de San-Sebastian, sur la plage d’Ondarreta, trois sculptures métalliques d’Eduardo Chillida, qui ont été réalisées par l’architecte basque Luis Peña Ganchegui appelées Peine del Viento (le peigne du vent). Leur fonction est la même que celle de ces chênes . . . .