« Un des thèmes les plus mystérieux du théâtre tragique grec est celui de la prédestination des fils à payer les fautes des pères. Il importe peu que les fils soient bons, innocents, pieux : si leurs pères ont péché, ils doivent être punis ! » (Pasolini, La Jeunesse malheureuse).
En lisant ces lignes aujourd’hui, et en considérant ce que depuis trois générations nous avons fait subir à la nature, une évidence me saute aux yeux : il n’y a plus de mystère. Extinction massive des populations animales, réchauffement climatique, pollution de l’air des terres et de l’eau : le constat est effrayant (en tout cas moi, il m’effraie) et le message des Grecs est limpide. Les fils paieront les fautes des pères : leur inconscience, leur boulimie, leur incroyable désinvolture.
Il faut malheureusement ajouter que les enfants, de plus en plus nombreux, vivent à leur tour, la plupart, comme ont vécu leurs pères, et perpétuent en les multipliant les raisons de la catastrophe. Les fils paieront aussi les fautes des fils.