Négociable

L’otium, chez les Anciens, c’était à la fois le loisir le repos et l’étude. C’était la zone noble de l’activité humaine. Ce qui ne relevait pas de l’otium entrait dans le domaine du negotium, c’est-à-dire du négociable.

Dans l’otium, la valeur n’avait pas de prix. Dans le negotium, la valeur devenait marchande et l’argent en était la mesure.

Or la grande question contemporaine est précisément celle-ci : y a-t-il encore aujourd’hui un otium ? Péguy la pose mieux que je ne saurais le faire : «Toute la question est là. Qu’est-ce qui est négociable. Qu’est-ce qui n’est pas négociable (…) Le monde sera jugé sur ce qu’il aura considéré comme négociable ou non négociable. Tout l’avilissement du monde moderne, c’est-à-dire toute la mise à bas prix du monde moderne (…) vient de ce que le monde moderne a considéré comme négociables des valeurs que le monde antique et le monde chrétien considéraient comme non négociables. »*

Et c’est ainsi que M. Trump voulut acheter le Groenland.

* Charles Péguy, Note conjointe sur M. Descartes
Cité par Charles Coustille, Parking Peguy, Flammarion

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Sérignat

Le président Trump n’est pas le premier président américain à avoir voulu acheter le Groenland : en 1946, le président Truman avait déjà proposé de l’acheter pour 100 millions de dollars. Il faut se rappeler que les USA se sont également agrandis par l’achat de territoires : Louisiane à la France, Alaska à la Russie. Le dernier achat en date est celui des Iles Vierges en 1912 au Danemark. Il ne s’agit donc pas d’une lubie mais d’une pratique en vogue aux USA et incompréhensible chez nous qui ne nous agrandissons que par la guerre…