Marcher dans Paris (2)

Du temps que je travaillais chez Flammarion, j’habitais dans le Marais. Les bureaux étaient situés près de la place de l’Odéon. Je m’y suis toujours rendu à pied. Tous les matins je quittais les petites rues du quartier, passais devant l’hôtel de ville, traversais l’île de la Cité, levais les yeux vers Notre-Dame, franchissais les quais rive gauche, entrais dans le petit square devant Saint-Julien-le-Pauvre, filais par les ruelles piétonnes du quartier latin jusqu’aux boulevards Saint-Germain et Saint-Michel, et remontais la rue Racine. Été, hiver, qu’il pleuve, qu’il vente. Et tous les soirs, je revenais par le même trajet, ou l’une de ses variantes. J’ai eu ce privilège, pendant neuf ans.

La marche durait vingt cinq minutes. Je ne me souviens pas d’un jour où je ne me sois émerveillé de la beauté de la ville. Chaque jour elle était changeante, chaque jour un détail nouveau m’apparaissait, en fonction de la lumière, du temps, de la saison. Et je ne crois pas avoir jamais effectué le parcours sans mesurer la chance que j’avais d’être là, arpentant le cœur de Paris, et d’y faire provision de ce mélange unique d’élégance et de grandeur qui nourrit les pensées et fait du bien à l’esprit, juste en ouvrant les yeux.

S’abonner
Notification pour
guest

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Brian Thompson

Mais pour en profiter comme tu le fais, il faut ouvrir les yeux, et ne pas passer son temps à regarder son téléphone comme le font trop de nos contemporains!