Li Linfu, fourbe et cruel

En l’an 1065, un lettré chinois nommé Sima Guang entreprit, à la demande de l’empereur Song Yingzong, d’écrire une histoire universelle de la Chine. Il se mit au travail, s’entoura de plusieurs assistants, recruta une équipe d’érudits, et produisit au bout de dix-neuf années un ouvrage en 294 volumes qui fut, à la demande de l’empereur Song Shenzong, fils du précédent (entre temps décédé), intitulé Miroir général de l’histoire pour aider le gouvernement.

On voit par là que cette somme avait des intentions didactiques. Il s’agit, nous dit Wikipedia, d’un « récit chronologique de l’histoire de la Chine de la période des Royaumes combattants à celle des Cinq Dynasties et Dix Royaumes ». Soit environ deux mille ans d’histoire, émaillés de nombreux portraits et biographies de dirigeants.

Voici par exemple ce qui y est dit d’un certain Li Linfu qui fut premier ministre entre 742 et 752, sous la dynastie Tang : « Li Linfu, grand opportuniste, s’assura par la flatterie la faveur des puissants, puis accomplit ses vilénies en s’aidant de la censure et de l’obscurantisme ; jaloux de la sagesse, haïssant le talent, il sut se maintenir en place en éliminant tous ceux qui le surpassaient, et assurer son hégémonie en remplissant les prisons et faisant exécuter ou bannir les hauts dignitaires. »

Le personnage est admirablement décrit en quelques traits (« jaloux de la sagesse, haïssant le talent »). Il se trouve en tous points conforme à la figure du méchant Chinois fourbe et cruel telle qu’elle existe dans notre imagerie occidentale, et si ce n’est lui, c’est son frère qui a inspiré Hergé.

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