Langues régionales

Ces derniers temps, on débat à nouveau des langues régionales, grâce aux Corses, notamment, qui sont chatouilleux sur le sujet.

Je suis pour ma part favorable à la diversité des langues, et je suis convaincu qu’en parler plusieurs contribue fortement à ouvrir l’esprit (encore qu’il y ait de nombreux contre-exemples). Mais c’est, comme toujours, une question de balancier. Car si le français est vécu aujourd’hui comme une langue dominatrice, il y a cent ans, c’était une langue de libération. L’école de la République, laïque et obligatoire, l’imposait pour combattre les forces conservatrices de l’enseignement religieux, lequel, s’exerçant généralement dans la langue locale, ne manifestait aucun empressement à bousculer l’ordre ancien.

En 1903, le « petit père Combes », alors qu’il était président du Conseil et se trouvait confronté en Bretagne à une vive résistance de la spécificité régionale face au pouvoir central, notait ainsi avec humour : « le breton se prête moins que le français à exprimer des idées nouvelles, ces vilaines et détestables idées républicaines dont la langue française est l’admirable messagère ». Et il ajoutait : « Les prônes faits en breton échappent en grande partie au contrôle des autorités civiles. Ils prêtent à des arguties commodes qui, pour contredire des témoignages embarrassants, consistent à soutenir que le témoin a mal compris ou mal traduit ».

Aujourd’hui que l’Etat se met en devoir d’organiser l’Islam de France, l’arabe n’est-il pas le breton de 1900 ?

S’abonner
Notification pour
guest

1 Commentaire
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Bruno Sérignat

Pratiquer plusieurs langues ? Oui, à la condition de d’abord bien savoir parler la sienne… ce qui n’est pas le cas de 72% des enfants entrant en classe de sixième ! D’autre part, s’il faut apprendre une langue pour “s’ouvrir l’esprit”, il serait certainement plus intelligent de choisir l’anglais, l’espagnol, le russe voire le chinois, toutes langues vivantes et potentiellement utiles pour l’avenir de l’enfant. Les langues régionales, au delà du folklore forcément limité, ce sont avant tout des facteurs de division (à un moment de notre histoire où nous n’en avons certainement pas besoin) et surtout une pathétique perte de temps…