L’Angleterre et le covid

Si la tendance naturelle a toujours été, en France, de critiquer le gouvernement, au Royaume-Uni elle est plutôt de le respecter. De sorte que les approximations commises de part et d’autre de la Manche dans la gestion de la crise du covid-19 n’ont pas été perçues semblablement par les populations. Les Français incriminent leurs gouvernants. Les Britanniques volontiers les absolvent.

Ces derniers viennent pourtant de revoir leur chiffre de morts à la hausse, et de devenir avec 32000 morts le pays le plus touché en Europe (à méthodes de comptabilisation comparables, pour autant que je puisse en juger). Or l’épidémie a touché l’Angleterre un mois après l’Italie. Il aurait été possible et nécessaire d’anticiper certaines mesures : cela n’a pas été fait, et le nombre élevé de victimes est la conséquence directe de ces hésitations et de ces négligences.

En l’occurrence, ce n’est peut-être pas tant le gouvernement britannique qui est à blâmer que le pays tout entier : il a sans doute été victime de cette inclination à se sentir différent qui fait partie de son tempérament. A en croire George Orwell, « l’insularité des Anglais, leur refus d’accorder une considération sérieuse à ce qui se passe à l’étranger, est une folie qui, de temps à autre, finit par se payer très cher *. »

* Le lion et la licorne, 1941. Il est intéressant de noter qu’Orwell écrit cette phrase sous les bombes allemandes, en plein blitz.

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Sérignat

Les britanniques ont confiné avec retard mais nous aussi : dès la mi-décembre, des décès par SARS-CoV2 étaient connus dans notre pays mais, fin janvier encore, les porte-paroles du gouvernement (type Michel Cymes) parlaient de petite grippette et de masques ne servant à rien (Sybeth machin). Il est toujours difficile de gérer une crise imprévue, qu’elle soit économique, militaire ou sanitaire mais notre gouvernement a agi en amateur (je ne parle pas seulement du Président mais surtout de son aréopage de grands penseurs issus de l’ENA). Est venue ensuite le temps où rien ne pouvait plus être décidé sans les scientifiques ce qui est tout simplement scandaleux. À présent, voici celui des décisions “énergiques” et de préférence monocolores. Bref, une gestion calamiteuse tout du long. Lorsque la crise sera passée, je suis certain qu’il y aura des demandes d’explication et des commissions d’enquête. Et ce ne sera pas parce que les Français sont des râleurs mais bien parce que des milliers de morts auraient pu être évités. L’Allemagne en témoigne.

Bertrand de Foucauld

Bonjour Jean-Pierre. Oui, peut-être que les Britanniques absolvent plus facilement leur gouvernement, mais à une nuance près : leur système politique, parlementaire, leur permet également de changer rapidement leur Premier Ministre. Exemple: Churchill viré après qu’il ait eu gagné la Bataille d’Angleterre puis participé activement au Debarquement en Normandie puis atteint Berlin.
En France, nous avons peut-être, une propension à plus grogner mais notre roi élu reste aux commandes, mêmes lors d’émeutes généralisées (2019, 2005).