La négresse blonde, de Georges Fourest

Sur ses fesses bariolées
on écrivit en violet
deux sonnets sibyllins rimés
par le poète Mallarmé

J’ai découvert les œuvres de Georges Fourest grâce à mon deuxième grand-père maternel lorsque j’étais adolescent. C’était un esprit libre et gentiment provocateur qui, connaissant mon penchant pour la littérature et prenant plaisir à m’initier à des choses qui sortaient des sentiers battus de la culture bourgeoise, m’avait un jour offert ce petit recueil de poèmes au titre étonnant : La négresse blonde, bientôt suivi d’un second intitulé Le géranium ovipare. Je m’étais plongé dedans avec enthousiasme, mais je dois bien avouer que je n’y avais d’abord rien compris.

Car Fourest (1867-1945) est un virtuose de la langue, du vocabulaire, de la rime et de la satire. Il jongle avec des mots rares ou étranges, des images provocantes, des sonorités exotiques, et raille nombre de personnalités de son temps, retombées depuis dans l’oubli. Dans un registre souvent égrillard et violemment satirique ses poèmes sont des exercices de style éblouissants. Il pousse le jeu de la langue à l’extrême, se moque de tout, ne respecte rien, dynamite en quelques vers malicieux les tragédies de Corneille et Racine, et pense qu’il n’y a pas grand chose de mieux à faire dans l’existence que d’attraper des hannetons (Ballade pour faire connaître mes occupations ordinaires) — me fournissant pour l’occasion le texte d’une de mes plus anciennes chansons (Les hannetons).

On raconte qu’un médecin brésilien fit teindre en blond ses deux servantes noires après avoir lu le recueil. L’histoire ne précise pas si le brave homme leur fit également tatouer des vers de l’abscons Mallarmé sur le postérieur.

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