Johnny

Johnny. Comme toute ma génération, j’ai toujours vécu avec lui. Quand j’avais dix ans il en avait vingt, donc quand je me suis mis à écouter la radio, c’était lui qui passait. Pour moi la vie va commencer résonnait comme une évidence.

Je n’ai jamais été un grand fan de Johnny. Mais je l’aimais bien. Il était là, comme un voisin, quelqu’un qu’on connaît finalement assez bien, et à qui on s’attache, même sans en être proche. Passages à la télé, couvertures de magazines : sa gueule, ses amours, ses visages successifs ont composé un morceau du paysage que j’ai habité. Ses chansons ont pendant presque soixante ans flotté dans l’air du pays. Si bien que comme tout le monde en France, aujourd’hui, je me sens triste.

Le titre de lui que je préférais, c’était Quelque chose de Tennessee. Ma chanson La chatte à nougat l’évoquait, et lui rendait hommage, avec la pudeur de l’humour. Au fond, je crois qu’un de mes rêves aurait été de l’avoir pour interprète. J’aurais adoré l’entendre chanter Que mon cœur reste ce qu’il est ou Le dernier rock’n roll. Je n’ai rien fait pour cela. En rêver, hélas, m’a suffi.

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Bruno Sérignat

Moi aussi, j’aimais bien Johnny et la plupart de ses chansons résonnent dans ma mémoire comme autant de reflets du passé. Il n’empêche que je trouve indécent le battage médiatique orchestré autour de sa mort. Certains proposent de “le transférer au Panthéon”, d’autres “de créer un jour férié appelé le Johnny Hallyday’s day” ! Un militaire qui aurait mis fin à une guerre aux millions de morts ou un scientifique ayant trouvé le vaccin contre les cancers n’auraient pas droit à tant d’égards (j’allais dire d’égarements) ! Le moindre journaleux ayant un jour ou l’autre croisé son chemin pour lui demander un autographe y va de ses souvenirs forcément extraordinaires et de ses rapports privilégiés avec la vedette. J’ai même entendu un sombre crétin nous annoncer “que le rock était mort avec lui” ! Bref, comme toujours dans notre pays où l’exception culturelle est de mise, on en fait trop, on exagère, on force le trait jusqu’à en gauchir l’image de celui que l’on veut honorer. Hallyday était un artiste de qualité – comme il y en eut les décennies passées et comme il y en aura encore à l’avenir – mais rien d’autre qu’un saltimbanque qui aurait sans doute été gêné face à tant d’honneurs pervertis. Je ne participerai pas à cette mascarade !
P.S. : à part la Suisse et la Belgique, il était totalement inconnu des publics des autres pays, au point que, aux USA, certains musiciens le nommaient “la star du rock dont on ne connait pas le nom” ! Toujours cette croyance malsaine des Français de se penser le centre du Monde…