Jogging et secret défense

​On n’en finit pas de découvrir les aspects inattendus du monde numérique dans lequel nous avons plongé il y a quelques années (sans y réfléchir, hélas, plus que ça). L’armée américaine, et ses consœurs française, britannique, etc. se sont ainsi avisées la semaine dernière qu’une application de « fitness », nommée Strava, qui permet aux amateurs de jogging d’enregistrer leurs performances et les trajets qu’ils parcourent, et publie les cartes de ces derniers, révèle avec une précision clinique les emplacements des bases, officielles ou secrètes, sur lesquelles ces personnels sont en mission, et l’importance de leurs effectifs. Car le militaire est volontiers jogger, et comme il vit avec son temps il court connecté.

Les états-majors ont bien entendu depuis interdit à leurs troupes l’usage de ces applications mouchardes. Trop tard : les images en étaient visibles partout. Et quand on les regarde, on ne peut que s’émerveiller de la clairvoyance poétique d’un Paul Klee, qui disait, sans pourtant se préoccuper d’espionnage, qu’ « une ligne, c’est un point qui est parti marcher ».

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