Jacques Plas, 87

Nous fêtons aujourd’hui les 87 ans de Jacques Plas, mon beau-père, pour qui mon affection n’a cessé de grandir au fil des ans. La fête ne sera peut-être pas flamboyante : il sort de l’hôpital ce matin. En réalité, il y fait depuis trois mois de nombreux séjours. Il lutte contre une maladie dont il ne guérira pas. Il le sait. Mais il se bat.

Il se bat, et en bon soldat, ce n’est pas d’abord pour lui. Il se bat parce que d’autres vies sont en jeu. Celle de l’un de ses petits-enfants, notamment, qu’il héberge chez lui et qu’il veut pouvoir accompagner jusque dans l’enseignement supérieur. Deux ou trois ans à tenir. Jacques ne possède rien que le revenu de sa retraite (à part ses livres). S’il disparaît, les choses vont devenir très compliquées. La mort n’est pas uniquement une affaire entre soi et soi.

En bon philosophe (il est soldat et philosophe), il médite beaucoup et confronte la théologie à la science. Il prétend qu’il n’en a plus l’énergie, mais il soumet toujours l’ontologie à un bombardement de notions physiques et mathématiques telles que la relativité (au sens d’Einstein), l’incertitude (au sens d’Heisenberg), l’incomplétude (au sens de Gödel), et ces collisions produisent des faisceaux d’idées lumineuses et brèves, des apocalypses furtives, très difficiles à recueillir en mots, mais dont se nourrit sa quête du divin.

 

 

 

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