Haïïï

Ayant la chance d’avoir encore quelques milliers d’euros sous forme d’épargne, j’ai aussi la chance de rencontrer une fois l’an un ou deux conseillers financiers. Ce conseiller (qui peut être une conseillère) ne manque jamais de me vanter les performances des différents placements que je pourrais souscrire.

L’un d’eux, que j’ai vu récemment, et que je crois fort compétent en plus d’être sympathique, a hélas ce défaut, commun dans sa profession, de ne s’exprimer que dans le patois franglais de la banque. Duration, reprice, worst case scenario, small caps : lors de notre entrevue, il m’expose dans son sabir toutes les options qui s’offrent à moi. Je m’efforce tant bien que mal de le suivre. Quand il aborde le chapitre des obligations, il se met à gémir « haïïï, haïïï ».

Ça ressemble à un cri de belette, ou à l’appel d’un hérisson à ses petits. Il pousse ce son en étirant son cou tout en roulant les yeux. Je lui trouve une expression touchante dans le regard. Puis je vois qu’il écrit h/y, mécaniquement, sur sa feuille.

Haïïï. High yield. Le couinement du financier.

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