Fusion

​La saison s’avance doucement vers l’hiver. Comme nous ne forçons pas sur le chauffage, une fraîcheur discrète s’installe dans notre appartement.

Quand vient l’heure de nous coucher, nous nous serrons l’un contre l’autre, bras enlacés, jambes mêlées, tête contre cou, ventre à ventre. Nos corps rapprochent tendrement leur chaleur. Ils se pressent, et par le contact de leurs peaux, au milieu de l’obscurité et du silence, échangent peu à peu une tiédeur radieuse. Nous fusionnons dans la douceur, et c’est un miracle toujours recommencé. A peine sommes-nous lovés dans ce miracle que la seule question qui se pose devient : pourrons-nous nous en extraire ? Aurons-nous au matin la force d’échapper à cette attraction pour retrouver les autres, le vent, et toutes les choses du jour ? Ou ne ferions-nous pas mieux, une fois pour toutes, de décider de rester ainsi, et de ne plus bouger jusqu’à la fin du monde ?

Rothko, untitled 1960, détail

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