Embrasser neuf fois

Outre le titre, une autre chose m’a intrigué dans Sed non satiata : le vers « Je ne suis pas le Styx pour t’embrasser neuf fois ». Je me suis demandé dans quelle légende il pouvait être question des neuf baisers du Styx. Mais il n’y en a pas. Baudelaire parle à sa maîtresse en jouant sur les mots. Embrasser, c’est ici enserrer. Le Styx, fleuve mythologique, fait neuf fois le tour des Enfers. Et le poète, couché « dans l’enfer [du] lit » de sa « sorcière au flanc d’ébène », enlace avec elle la figure du péché.

Quant au chiffre 9, il est souvent utilisé chez les Grecs de manière métaphorique pour représenter un grand nombre. Ainsi, selon la mythologie, il faut neuf jours et neuf nuits à une enclume de bronze jetée du ciel pour arriver sur la Terre, et il lui faut à nouveau neuf nuits et neuf jours pour aller se perdre dans les brumes du Tartare, au plus profond des Enfers.

 

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