Le rugby (c’est le moment d’en parler en ces temps de coupe du monde) est un jeu qui se joue essentiellement à la main. On y avance vers l’en-but adverse en se passant un ballon vers l’arrière, signe qu’il a été inventé par des Anglais.
Lorsqu’un joueur n’arrive pas à attraper le ballon et que celui-ci tombe, les commentateurs des matchs, à la télévision française, se divisent en deux catégories : ceux qui disent « le ballon lui a échappé » et ceux qui disent « il a échappé le ballon ». Les premiers sont en général du nord de la France ; les seconds font entendre un léger accent du midi.
Les uns comme les autres sont grammaticalement corrects : échapper est principalement un verbe intransitif, mais l’emploi transitif existe, dans le sens de laisser tomber.
Étymologiquement, (nous dit encore le dictionnaire) échapper vient du bas latin excappare, lui-même dérivé du mot cappa « sorte de coiffure ; manteau, cape, chape, froc », et donc signifie proprement « quitter la chape, jeter le froc aux orties », ou encore « sortir de la chape en la laissant aux mains du poursuivant ».
C’est exactement ce qu’il advient du ballon : quand on l’échappe — ou le laisse échapper — il se retrouve neuf fois sur dix aux mains de l’adversaire.
PS. J’apprends que les organisateurs de la Coupe du Monde viennent d’annuler, pour cause de typhon, les rencontres prévues ce week-end (France – Angleterre et Nouvelle-Zélande – Italie). Ce ne sont plus seulement des ballons, mais des matchs entiers qui s’échappent. On n’avait encore jamais vu ça.
Habitant de l’ovalie Occitane, me voici élégamment décomplexé au niveau langage, merci Jean-pierre pour éclairage opportun.
Et devine où je suis… à Tokyo, pour voir le match France-Angleterre! Échappée belle?
Ah, ça c’est pas de chance!… Heureusement qu’il y a autre chose à faire au Japon que d’aller voir des matchs de rugby.
Profite bien de ton séjour (c’est pas ton anniversaire, bientôt ?)