Divin repos

Je poursuis mes réflexions sur l’otium et la σχολη (scholê), et je remonte à la Genèse. Le texte nous dit qu’au septième jour, ayant terminé ce qu’il avait à faire, Dieu se reposa. Et il ajoute : « Dieu bénit le septième jour et le sanctifia car, ce jour-là, il se reposa de toute l’œuvre de création qu’il avait faite.* »

À première vue, ce passage de la Genèse suggère que le repos succède au travail parce que le travail engendre la fatigue. Dieu a besoin de souffler, il fait la pause. Toutefois, la question se pose : comment Dieu pourrait-il être fatigué ? Ce paradoxe n’a pas échappé à Saint Augustin, qui, dans ses commentaires, le surmonte ainsi : « Dieu ne s’est pas fatigué en créant, ni reposé en cessant de créer ; mais par le langage de la Sainte Écriture, il a voulu nous inspirer le désir de son repos. (…) Il a voulu sanctifier ce jour (…) comme si, même pour lui qui ne se fatigue pas au travail, le repos avait plus de prix que l’action.** »

Ce repos que Dieu cherche à nous inspirer se rapproche évidemment de l’otium tel que je le définissais hier : le loisir, l’étude, l’écoute, et sans doute ici la prière. Dans l’Evangile, l’histoire de Marthe et Marie tourne autour de la même idée : tandis que Marthe s’affaire à un service compliqué, Marie est assise aux pieds de Jésus, et l’écoute ; et Jésus affirme qu’elle a la meilleure part.

Le repos n’est pas négociable. S’il est plus précieux que l’action, ce n’est pas que l’action n’est pas nécessaire : mais elle ne doit pas être érigée en valeur suprême. Il serait bon que cette vérité soit davantage proclamée et enseignée, dans les églises et ailleurs.

* (Gn 2 1-3)
** La Genèse au sens littéral, IV, 13-14 (trad. Bibliothèque augustinienne, t. 48, DDB 1972, p. 313)

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