Dire merci

Voilà, Maman a soufflé ses quatre-vingt quatorze bougies (judicieusement réduites à deux par l’entremise du pâtissier). Je remercie tous mes amis lecteurs qui ont eu, nombreux, une pensée pour elle.

Elle était en forme, réjouie, presque diserte. Nous avons calculé qu’elle était au monde depuis trente-quatre mille trois cent trente trois jours. — Mais c’est énorme ! s’écrie-t-elle. C’est beaucoup trop…

Je lui demande, parmi tous ces jours, desquels elle se souvient. Elle me regarde, un peu confuse, en haussant les sourcils… J’insiste : — Le 5 octobre 1953, par exemple, ça ne te dit rien ?… — Ah oui, c’est le jour où tu es né ! — Voilà ! Tu n’as pas tout oublié, Maman ! — Non, en effet… Et d’ailleurs, le jour où tu es né… — Eh bien ? — Eh bien tu ne m’as pas dit merci.

J’éclate de rire. Au fond, elle a raison. La vie est belle, et la mienne particulièrement heureuse et douce. En me la donnant, elle m’a fait un merveilleux cadeau. Je n’ai aucun mal à lui en rendre grâces.

 

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cdemontauzan

La Promesse de l’aube de Romain Gary. “Ce que je veux dire, c’est qu’elle avait des yeux où il faisait si bon vivre que je n’ai jamais su où aller depuis.” …