Dans la langue neuve, vivace, et inventive qu’était le français du XVIè siècle, existait le joli mot de dévouloir. Il voulait dire cesser de désirer. Un contemporain de Marot, Mellin de Saint Gelais, écrit ainsi dans un poème sur l’amour et ses mystères qu’amour est « un obstiné, qui une même chose / Veut et déveut cent fois en un instant ».
Ce mot est beau, il est simple, il est plus fort qu’il n’en a l’air, et serait bien utile aujourd’hui. Car dévouloir livre la clé d’une sagesse nécessaire : c’est un verbe pour se défaire de ce qui nous attire vainement. Pour dénouer le nœud de la volonté, sortir de son registre, et quitter la tension qu’elle suppose. Pour s’affranchir de l’injonction à se projeter sans cesse vers le futur et à tout décider de sa vie.
Si par bonheur il revenait en usage, on pourrait avantageusement le substituer à ses équivalents actuels : se détacher, laisser filer, et le fameux lâcher prise cher aux « coachs » de tout poil.
Bien vu, bien dit… comme d’hab!