Caricatures de la ferveur

​Jérusalem m’a laissé une impression paradoxale. Je m’attendais, dans cette ville où bat le cœur de plusieurs religions, à ressentir quelque chose comme une vibration mystique émanant de la magie des lieux. J’imaginais que j’allais éprouver, disons, une sorte de chatouillement spirituel, une forme d’excitation métaphysique, ou d’aspiration diffuse au sacré.

Eh bien non. À la vérité, judaïsme, christianisme et islam confondus, ça a même été l’inverse : toutes ces papillotes s’agitant devant un mur, ces bousculades exaltées pour aller toucher la pierre du sépulcre, ces cris d’effroi poussés par des barbus à la vue d’une femme et d’un homme se donnant la main en public, me sont apparus comme des démonstrations de dévotion ridicules, et ont provoqué chez moi une réaction de rejet. Je n’y ai vu que des superstitions juxtaposées, en surenchère les unes avec les autres, des caricatures de la ferveur.

Que tant de bigoterie contradictoire soit concentrée dans l’espace restreint d’une même ville ne fait que souligner la face archaïque, et à mes yeux grotesque, des croyances qui sous-tendent de tels comportements. Et j’ai fini par me dire que si l’on voulait vacciner une personne de tempérament raisonnable contre les excès de zèle de la piété, c’était à Jérusalem, par une étrange ironie du sort, qu’il faudrait l’emmener faire un tour.

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Bruno Sérignat

Les religions sont des sectes qui ont réussi…