Bossuet

La cathédrale de Metz fête ses huit cents ans. Bossuet, qui en avait été l’archidiacre pendant les années 1660, y est remonté en chaire la semaine dernière, en la personne de Théophile Choquet, comédien de son état.

C’est intéressant d’écouter Bossuet. Sa rhétorique a vieilli, il se répète beaucoup, ses idées sur l’au-delà me laissent assez indifférent, mais il a du souffle et du style. Il faut surtout se souvenir qu’il s’exprime devant le Roi. Louis XIV n’étant pas enclin à la modestie, c’est un exercice délicat que d’affirmer en sa présence la supériorité chrétienne des pauvres sur les riches et des humbles sur les puissants.

Bossuet est bien conscient du danger, qui prévient : « C’est une entreprise hardie que d’aller dire aux hommes qu’ils sont peu de chose. Chacun est jaloux de ce qu’il est, et on aime mieux être aveugle que de connaître son faible ; surtout les grandes fortunes veulent être traitées délicatement ; elles ne prennent pas plaisir qu’on remarque leur défaut. » Mais comme le note Chateaubriand, en écoutant ses sermons « le potentat le plus absolu du globe est obligé de s’entendre dire que ses grandeurs ne sont que vanité, que sa puissance n’est que songe, et qu’il n’est lui-même que poussière. »

Bossuet, cependant, savait conjuguer l’habileté avec le courage. En 1670, le Roi fit de lui le précepteur du Dauphin.

(Du souffle, j’ai trouvé qu’en revanche le comédien en manquait un peu. Pour faire entendre la parole d’un ecclésiastique du XVIIè siècle, c’est un choix bizarre de monter en chaire sans assumer de se dispenser d’un micro.)

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