Benjamin, le plus sot

S’il écrit un jour ses mémoires, je conseille à Benjamin G. de les intituler « Les mémoires d’un plus sot ». A tout le moins, que cela lui serve de sous-titre. Car peut-on faire plus sot que d’envoyer à une maîtresse qu’on connait à peine, alors qu’on est ministre, c’est-à-dire qu’une foule de gens guettent votre moindre faux pas — ou cherchent à le provoquer —, une vidéo de soi en train de se masturber ? A l’heure des réseaux numériques, alors que, comme chacun sait, rien ne peut garantir le secret de ce qui s’y publie ?

Je sais bien que le danger d’être découvert fait partie du plaisir des liaisons clandestines, qu’on peut frissonner d’avoir une double vie, et que prendre le risque d’en mettre les deux parties en contact peut ajouter encore à l’excitation qu’on éprouve, mais là, franchement, pousser à un tel degré le sentiment d’impunité et de toute puissance, ce n’est plus un raffinement dans la jouissance, c’est une connerie de consternantes dimensions.

Julien Green parle dans son journal d’un homme qui « a des parties d’intelligence qu’[on] ne songerai[t] pas à nier » et qui « est même, quelquefois, assez brillant, mais profondément c’est un sot et l’on dirait que ce qu’il a d’intelligence ne sert qu’à alimenter sa sottise » : ne croirait-on pas le portrait de l’infortuné Benjamin ?

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Henri

“Toute révélation d’un secret est la faute de celui qui l’a confié.” La Bruyère. Les caractères.