Barthélémy

Il y a au Getty Center un extraordinaire portrait de Saint Barthélemy par Rembrandt. A l’évidence, il s’agit aussi d’un autoportrait. Les traits empâtés, la pénombre, le regard perdu dans ses pensées, lassitude, inquiétude : cet homme m’émeut plus que je ne saurais dire. Que sait-il, qu’ignore-t-il ? Que voit-il, face à lui et au fond de lui-même ? Il contemple quelque chose qu’il ne comprend pas : l’épaisseur incertaine de sa propre existence, sa jeunesse en allée, ce qu’il cherchait à accomplir, l’opacité du temps qui reste. Il attend, résigné, résolu, dubitatif. Il est prêt.

J’ai serré la photo sur son visage, mais dans sa main droite, ici hors champ, il tient le couteau avec lequel on va l’écorcher vif.

 

(Pour ceux de mes lecteurs qui ignoreraient ma fascination de longue date pour la peinture hollandaise, voici La femme à la lettre, qui est, parmi toutes celles que que j’ai écrites, une de mes chansons préférées.)

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