Tendresse de l’Odyssée

Il y a de l’extrême violence dans l’Odyssée; il y a aussi une infinie tendresse, et cette tendresse est souvent crépusculaire, nocturne. Elle a besoin d’obscurité, elle se déploie loin de la lumière. Le jour est cru, l’ombre est intime. Ainsi, avant qu’Ulysse ne quitte Calypso :

le soleil se coucha, le crépuscule vint.
Ils gagnèrent le fond de la grotte profonde
où, demeurés ensemble, ils se livrèrent au plaisir
.

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© Laurence de Crozé d’après Marc Chagall

Et lorsqu’Ulysse, « après tant de souffrances et vingt années d’absence », retrouve Pénélope, ils ont tant d’amour à faire et à refaire, tant de choses à se dire, que la déesse Athéna, qui a pris Ulysse en affection et protection, intervient pour prolonger la nuit.

Il pleura, tenant sa femme fidèle, joie de son âme (…),
dont les bras blancs ne voulaient plus se détacher du cou.
L’Aurore aurait paru avant que leurs sanglots ne cessent
si Athéna aux yeux brillants n’avait eu son idée:
elle allongea la nuit au bout du monde et retint l’aube
au trône d’or dans l’Océan, sans la laisser
atteler ses coursiers portant aux hommes la lumière,
Lampos et Phaéton, qui sont les poulains de l’aurore.

(trad Philippe Jaccottet)

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annick

Un de mes souvenirs les plus sensibles de collégienne est la lecture, à voix haute et avec les accents toniques, du chant de Nausicaa par mon prof de grec.
Un chant..

Tu donnes envie de relire, en français!