La maman de Jeff Koons

La passionnante “théorie du premier popo” que j’évoquais hier éclaire à mon avis fort bien les personnalités de nombreux artistes (peintres et sculpteurs principalement), ainsi que celles de beaucoup de gens de finance. Elle se heurte toutefois au cas de Jeff Koons, plasticien au look de trader.

Dans son dernier roman, La Carte et le Territoire, Michel Houellebecq note que Jeff Koons “semblait porter en lui quelque chose de double, comme une contradiction insurmontable entre la rouerie ordinaire du technico-commercial et l’exaltation de l’ascète“, et qu’aucune des photographies qu’on avait de lui ne parvenait “à dépasser cette apparence de vendeur de décapotables Chevrolet qu’il avait choisi d’arborer face au monde, c’était exaspérant“…

Jeff Koons

De même, dans un récent article (“Contre l’art des traders”), l’historien et critique d’art Jean Clair écrit : “Jeff Koons est devenu l’artiste le plus cher du monde. La mutation s’est faite à l’occasion des transformations d’un marché de l’art qui (…) est aujourd’hui un mécanisme de haute spéculation financière entre deux ou trois galeries, une maison de ventes et un petit public de nouveaux riches. Koons ne se présente plus échevelé comme les romantiques, moins encore nu et ensanglanté comme les avant-gardistes des années 1970, mais comme un trader, attaché-case à la main et rasé de frais“.

Cette synthèse impossible entre l’art et la finance, Koons l’incarne. Si bien qu’à la lumière de la théorie suscitée, on peut légitimement s’interroger sur ce qui a bien pu se passer entre sa maman et lui le jour du premier popo.

Plusieurs hypothèses sont envisageables. La mienne est qu’elle a dû à la fois s’extasier sur sa petite crotte, vaporiser un coup d’Airwick au parfum synthétique dans la pièce, et le récompenser -bien qu’il fût très jeune- en lui donnant, déjà, de l’argent.

 

 

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Clo

“Le premier popo” pour illustrer la figure drôle et caricaturale de Jeff Koons, Houellebecq va regretter de ne pas y avoir pensé. Il ne connait probablement pas la théorie en question, tu devrais
lui envoyer ton article…

jacques langlois

Ouf, j’ai eu peur que tu n’intitules cette chronique: “La mère de Jeff Koons”, ce qui phonétiquement….