La librairie José Corti

C’est un endroit hors du temps, en plein Paris. La librairie José Corti, rue de Médicis, en face du Luxembourg.

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J’ai le souvenir (il me semble avoir le souvenir) d’y être entré, enfant, avec mes grands-parents, un jour qu’ils m’avaient emmené faire voguer un bateau à voile sur le bassin du jardin. J’y suis revenu une ou deux fois lorsque j’étais étudiant: c’est là que j’ai acheté “Le géranium ovipare”, deuxième recueil de poèmes de Georges Fourest, dont j’avais déjà (on me l’avait offert) la sublime “Négresse blonde”. Plus tard, du temps que je travaillais juste à côté, chez Flammarion, rue Racine, j’ai fréquenté l’endroit plus souvent.

J’y suis retourné l’autre jour pour signer le contrat de ma chanson “les Hannetons” (mise en musique de la “Ballade pour faire connaître mes occupations ordinaires” de Fourest, dont Corti détient les droits). Rien n’a changé. C’est toujours sur trois hauts murs une magnifique bibliothèque, avec échelles en bois, et des tables avec des piles de livres, disposées dans un discret désordre, légèrement tremblé, qui atteste que les livres ont été pris en main, feuilletés, humés, avant d’être remis en place, et une atmosphère de silence respectueux, car ici on ne parle pas à voix haute, on murmure, pour ne pas déranger la quiétude sourde des ouvrages, ni troubler l’immobilité floue et la lumière patinée de ce lieu où le temps, semble-t-il, ralentit au point d’acquérir une densité sensible, et qu’on a l’impression qu’on peut presque le toucher, l’entendre ou le voir.

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