L’or du temps

L’Or du temps est une chanson de Charles Dumont (paroles de Raymond Mamoudy, interprétée par Charles Dumont et François Périer) que j’ai découverte grâce à mon ami Maurice Joyeux.

Elle se présente comme un dialogue entre deux amis d’enfance, qui sont devenus, disons, l’un un petit-bourgeois et l’autre un saltimbanque, ou bien un réaliste et un rêveur, ou encore un moutonnier et un solitaire. Ce qui me plait, au-delà de son thème, c’est que leur dialogue est paisible, sans animosité, et qu’il ne conclut pas.

Deux vers m’émeuvent particulièrement, dans lesquels le “conventionnel” dit, en s’adressant au “marginal” : « Il ne restera rien de tout ce merveilleux / Dont tu pares ta vie et qui parfois me hante ». L’homme des voies toutes tracées se rassure en affirmant l’impossibilité du rêve, en même temps qu’il lâche une émouvante confession : l’or du temps parfois le hante. Il n’y est pas insensible. Il en porte la nostalgie, sans le savoir ; sans s’autoriser, souvent, à le savoir.

Cet aveu est terrible. Mais le rêveur n’exploite pas la faille. Il pourrait avoir la tentation d’appuyer là où ça fait mal, et de tirer son ami de sa torpeur, de lui faire lever le nez de son quotidien, de prétendre l’éveiller à la lumière. Il s’en abstient : soit qu’il n’y pense même pas (allez savoir avec ceux qui ont la tête dans les nuages…) ; soit qu’il connaisse la violence qu’il pourrait faire à l’autre en l’exhortant à une liberté que son ami ne pourrait / ne voudrait / ne saurait pas saisir.

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