Pierre-Jean de Béranger, 1780-1857

Stéphane Hirschi (dont j’ai déjà parlé dans ce blog) est le fondateur de la cantologie, c’est-à-dire la science de la chanson, qu’il enseigne, avec la littérature, à l’université de Valenciennes.
Il a publié plusieurs ouvrages, dont un qui s’appelle tout simplement “Chanson, l’art de fixer l’air du temps”, que je viens de lire avec le plus grand intérêt.
On y trouve notamment une brève histoire du genre “chanson” tout-à-fait passionnante. Y apparait une figure dont je confesse que mis à part le nom (et encore…), j’ignorais tout : celle de Pierre-Jean de Béranger.


Cet homme est décrit par Pierre Larousse, qui lui consacre six pages et vingt colonnes dans son Grand dictionnaire universel du XIXè siècle, comme « destiné à la renommée la plus éclatante et la plus populaire du siècle, après celle de Napoléon ». Chateaubriand dit de lui : « C’est un des plus grands poètes que la France ait jamais produits ». Goethe : « Béranger est le génie bienfaisant du siècle ». Sainte-Beuve : « C’est un poète de pure race, magnifique et inespéré ». Fermez le ban. C’est la première “star” de la chanson. Sans enregistrement, et sans medias audiovisuels, il connut une gloire incroyable, pour avoir eu le talent de mettre en paroles l’esprit du peuple, et de s’en être fait le porte-voix. Quand il mourut (pauvre) en 1857, il eut droit à à des funérailles officielles comme “poète national” : seul Hugo aura droit au même traitement, une trentaine d’années plus tard.

Je suis allé à la découverte de ses chansons. C’est l’esprit français dans toute sa splendeur : pétillant, protestataire, intelligent, léger, libertin. Il est le chaînon entre La Fontaine et Brassens. Il pourfend les puissants (députés, magistrats, prêtres, deux fois on le mettra en prison, et la deuxième, alors qu’il est condamné à une amende énorme, l’amende sera payée par souscription!) mais n’oublie pas de trousser quelques couplets délicieusement lestes à la gloire de l’amour et des femmes. Un maître.

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Thomas de Glédel

Vous auriez pu rajouter que Hugo voyait en Béranger le seul rival pouvant lui faire de l’ombre en poésie…
Cet homme est bien plus qu’un chansonnier, c’est le poète-nation!! Incroyable qu’il ait autant disparu de la mémoire collective même si tout amateur de poésie ou du XIXe ne peut en faire l’impasse!