La folle complainte

Quelle étrange chanson…
Son titre la décrit bien: elle est folle, au sens que ses paroles sont d’une certaine manière dépourvues de raison. Elle est chantée (comme Y’a de la joie) par un narrateur d’outre tombe (“je n’ai pas aimé ma mort…”). Et elle passe sans transition, mais sans hiatus aucun, du plus trivial (la bonne, “avec une passoire se donnant de la joie”) au plus poétique (“il pleut sur mon amour”).

J’ignore comment Trénet l’a écrite, mais c’est une chanson qui est manifestement le fruit magique d’une inspiration soudaine. Ce genre de surgissement peut produire, comme c’est le cas ici, quelque chose d’incroyablement fort et beau, dans ses défauts même et dans la liberté du propos. C’est rarissime.
Quelle merveilleuse chanson…
 

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André Roulleaux

Sur Wikipedia, on dit que Trenet avait trouvé dans un vieux tiroir un bout de papier sur lequel à l’âge de 7 ans il aurait écrit un des quatrains de cette chanson. Bouleversé, il aurait complété le texte en mode écriture automatique en s’aidant d’une mélodie composée par ailleurs qu’il gardait en réserve.
La mélodie, quoiqu’articulée sur des accords très simples (ceux de la célèbre ballade “Blue Moon” de Richard Rodgers), est d’une belle mélancolie.
Le sens du texte est confus. Trenet la considérait “totalement hermétique”. En fait pas tant que ça. Il s’agit d’une succession de flashs back de sa petite enfance, d’images confuses qui se succèdent et s’entremèlent sur fond de considérations sur la vie, la mort, le spleen, la nostagie, les cendres …
L’adage dit que ce qui porte en premier lieu une chanson est sa mélodie. Le texte vient ensuite.
Ici, la mélodie est quasi parfaite et le texte la “colle” au mieux. D’où son succès.

jacques langlois

Il existe une version longue que Trénet n’a jamais enregistrée en studio mais qu’il chantait sur scène, où le temps est moins compté. En voici le texte, transcrit en écoutant le récital à l’EToile en 52. Il se situe entre “Il pleut sur mon amour ” et ” La revanche des orages”:
“Je me cache sous la table
Le chat me griffe un peu,
Ce tigre est indomptable
Il joue avec le feu.
Les pantoufles de grand’mère
Sont mortes avant la nuit,
Dormons dans ma chaumière
Dormez, dormons sans bruit.
Berceau (Verseau?) berçant les violes,
Un ange s’est caché
Dans le placard aux fioles
Où l’on me tient couché,
Remèdes pour le rhume,
Remèdes pour le coeur,
Remèdes pour la brume,
Remèdes pour le malheur.”

NADINE BITNER

Coucou Jean-Pierre. Je ne te le dis jamais, j’ai tort : j’aime beaucoup tes petits billets, des clins d’oeil amicaux, partageurs de ta belle humeur. Dis donc, il y a longtemps qu’on ne s’est vus. Si on se donnait RV dans une quinzaine de jours, on pourrait déjeuner dehors quelque part. Xketendis ? Je t’embrasse Nadine

Alain BRIE

Merci de ce précieux complément à ce chef-d’œuvre.